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On voit bien quelle mépris s’attire la critique qui n’est pas contestation d’elle même, mais exercice tranquille d’un pouvoir outrecuidant et vain. Autrefois, pendant les fêtes populaires, il arrivait qu’on sacrifiât en effigie les rois ou les chefs pour racheter, par un sacrifice au moins idéal (quelquefois sanglant), l’abus que représente toute la souveraineté. Le critique habituel est un souverain qui échappe à l’immolation, prétend exercer l’autorité sans l’expier et se veut maître d’une royaume dont il dispose sans risque. Aussi n’y a-t-il guère de souverain plus misérable et, pour n’avoir pas refusé d’être quelque chose, plus près de n’être rien.
☛ “Le Mystère de la critique” by Maurice Blanchot, first published in Journal des débats, 6 janvier 1944, p. 3; reprinted in Chroniques littéraires du Journal des débats : Avril 1941-août 1944, Paris: Gallimard, 2007, pp. 533-536. PDF.
I’m not aware of any existing English translation of this text. In a very elegant and efficient prose, Blanchot is taking aim at “the usual critic” (le critique habituel). The important thing to keep in mind is that he’s not rejecting the whole idea of critique, nor critique in itself. He’s rejecting the kind of critique that is essentially a vain exercise of sovereign power. This form of petty criticism can be identified in the following way: when taking concern about an object, the critic fails to challenge itself, its own critical stance. Such a critic is nothing but a “piteous sovereign” (Aussi n’y a-t-il guère de souverain plus misérable).
A couple of years later, while he admits sharing Rilke suspicions (une réserve) toward criticism, Blanchot nonetheless feels the need to argue in favour of a certain “critical power” (la puissance critique):
Il faut retenir que la puissance critique appartient au jour dans ce qu’il a de fugitif, d’instantané; elle a la versatilité du jour qui passe, mais cela signifie aussi qu’elle est mouvement et devenir, et son rôle est de dissoudre la solennité et le caractère abrupt, enfermé, des oeuvres en les livrant à la réflexion de la vie, qui, on le sait, et par bonheur, ne respecte rien. En outre, on comprend que le critique doive être sans art propre et sans talent personnel: il ne doit pas être à lui même son centre; il est un regard, soit, mais un regard anonyme, impersonnel, vagabond. En ce sens, on peut dire que la condition du critique est des plus difficiles et exige une ascèse presque insoutenable. Un être anonyme, irresponsable, une présence sans lendemain, quelqu’un qui ne doit jamais dire “je”, mais tout au plus “nous”, l’écho puissant d’une parole exprimée par personne. Cela n’est pas dit par dérision. L’un des torts des philosophies contemporaines est d’avoir déprécié futilement la valeur du “on”. (L’Observateur no. 6, May 18, 1950; reprinted in Traffic no. 12, Spring 1992, pp. 140-142. PDF.)
I like to remind myself of Blanchot’s argument whenever I hear about the “end” or the “uselessness” of critique. Usually, those arguments works by reducing the various conceptions of critique to the caricature of one of its many manifestations: Descartes’s critique, Kant’s critiques, Marx’s critique, Frankfurt School’s critical theory (which is itself a simplified label for a group of various and quite distinct critical theories), film criticism, critical thinking, etc. I discussed this problem before: see “On Critique”.
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