Un nous est toujours constitué par une calendarité et une cardinalité. Pour que nous puissions dire nous, il faut que nous partagions le même système calendaire et le même système cardinal. Si nous ne pouvons pas nous référer au même calendrier, c’est-à-dire si nous ne partageons pas un temps commun, et si nous n’avons pas une représentation commune du monde spatial dans lequel nous partageons des dispositifs d’orientation ― par exemple, si nous ne savons pas lire les noms des rues, les cartes ou les panneaux indicateurs ―, nous sommes étrangers. Nous ne nous sentons en familiarité avec un nous qu’à la condition d’un tel partage. Or, aujourd’hui, calendarité et cardinalité sont passées sous le contrôle d’industries culturelles devenues mondiales.
La calendarité organise les rendez-vous du nous. Le dimanche est originairement un jour sacré pour la chrétienté, qui communie dans le repos. Les médias de masse en font un jour de rendez-vous télévisuels. Ce qui est vrai des jours l’est des heures. Tout le monde reconnaît aujourd’hui dans ce que l’on appelle le «20 Heures» le moment du journal télévisé.

STIEGLER, Bernard (2003). Aimer, s’aimer, nous aimer, éd. Galilée, Paris, 25-26.

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